Barrett-Jackson à Palm Beach: Tiens toi, Obama!

Dossiers
mardi, 6 avril 2010
West Palm Beach, Floride – Au moment même où Barack Obama dévoilait sa nouvelle réglementation visant à restreindre les émissions polluantes automobiles en Amérique du Nord, l’une des réputées ventes aux enchères Barrett-Jackon battait son plein à West Palm Beach, Floride. Amenez-en, des V8 grondants, des muscle cars d’hier, des hot-rods d’aujourd’hui et autres belles qui ont admirablement traversé le temps!

Life, Liberty and the pursuit of horsepower : narquois, le thème de l’encan 2010 que Barrett-Jackson vient de tenir en Floride? Un peu, oh juste un peu…

Mais que voulez-vous : c’est sans vergogne que le South Florida Fairgrounds a accueilli les élégantes des années 50, les puissantes des années 60, les coups de cœur des années 70 et, tous âges confondus, des performantes aussi rares qu’exaltantes.

Et tout ça, pour être cédé moyennant des dizaines, voire des centaines de milliers de dollars. Du p’tit «pocket change», pour certains…

Plus de 450 voitures et 20$US millions plus tard…

Barrett-Jackson organise les ventes aux enchères les plus renommées d’Amérique, voire du monde entier. Avec elle, on n’y vend/achète/montre pas n’importe quoi. En effet, la firme de Scottsdale, Arizona, s’enorgueillit de ne présenter que l’unique, l’exclusif et le passionnant.

Surtout le passionnant…

Le rendez-vous floridien, qui vient de se tenir à l’occasion du week-end de Pâques, s’est déroulé sur trois jours. Trois pleins jours, avec de huit à dix heures d’enchères chacun, où plus de 450 voitures se sont échangées d’un heureux proprio à un – encore plus heureux – proprio.

Bilan des transactions : plus ou moins 20 millions de dollars américains.

Des stars sans pudeur

Ici, la place est faite belle aux Américaines. À peine 10% des lots sont des Européennes – une quinzaine de Mercedes, des Austin-Healey, quelques Ferrari…

Mais ce ne sont pas là les véritables vedettes du jour.

Non. Ici, les stars de 40, 50, voire 60 ans ont pour nom Chevrolet Bel Air, Ford Mustang, Chevrolet Camaro, Plymouth RoadRunner, Chevrolet Corvette, Pontiac GTO, Dodge Hemi Challenger, Oldsmobile 442. Elles ont de l’âge, certes. Mais elles se sont si bien conservées qu’elles sont disputées à grands coups de… 10 000$US.

Avant de s’envoler aux mains de richissimes passionnés d’automobiles, elles s’offrent à nos regards sans pudeur, avec leurs capots relevés, leurs intérieurs comme neufs, leurs voluptueuses carrosseries impeccables et leurs atours de chromes qui étincellent sous le soleil floridien.

Pour les visiteurs plus âgés, les doux souvenirs d’une autre époque affluent. Rick et John, deux natifs du Delaware à la soixantaine bien sonnée, sont plantés devant une Chevrolet Corvette 1965, noire et décapotable, semblable à celle qu’ils ont conduite à Daytona Beach, un certain Spring Break de leur jeune temps… «C’était fou, il nous suffisait de rouler sur la plage pour que les filles montent et s’installent à bord!»

Bonne nouvelle pour vous, Messieurs : les temps n’ont pas si changé que ça…

«Ici, les gens ont de l’argent»

Faire un tour au Barrett-Jackson auction, c’est se plonger dans une Amérique… pas si révolue que ça. Au son guttural et vrombissant des V8 (oui, oui, ceux-là même qui sont menacés d’extinction, tranquillement remplacés par des turbos, l’injection directe ou, pire, les motorisations électriques…), nous faisons la connaissance de M. X, un Floridien de Naples qui caresse amoureusement – et une dernière fois – sa Chevrolet Corvette 1963.

Cette dernière – et trois autres de ses bébés – monteront bientôt sur le podium afin d’hériter d’un autre foyer. « Mais ne vous inquiétez pas pour moi, nous dit le collectionneur; j’ai 80 autres voitures antiques à la maison. » D’accord, exit l’inquiétude…

Mais pourquoi Barrett-Jackson – qui, quand même, lui impose une commission équivalente à 8% du prix obtenu à l’encan, en plus des 10% qui seront soutirés à l’acheteur – et non pas la bonne vieille petite annonce classée?

« Parce que c’est ici que ça se passe, répond-il. Les petites annonces vous amènent des gens qui vous font perdre votre temps alors qu’ici, les gens ont de l’argent. Et croyez-moi, ça marche. »
Pour sa Chevrolet Corvette 1963 noire à l’intérieur blanc immaculé, il obtiendra finalement 50 000$US.

Se rincer l’œil… en famille

Tous les visiteurs au South Florida Fairgrounds ne sont pas nécessairement des acheteurs aux poches aussi profondes que le Grand Canyon. Il y a ces familles entières qui débarquent, canettes de bière à la main pour Papa et Maman, Coca-Cola et croustilles à la main pour les rejetons, et qui viennent se rincer l’œil – automobilement parlant, bien sûr.

Tout fiers, les paternels pointent du doigt à leur progéniture ce qui les faisait vibrer avant que les couches-biberons-nuits sans sommeil ne les entraînent vers d’autres horizons. L’espace d’un instant, la progéniture en question délaisse son IPod et ses SMS pour savourer ces mémoires parentales. Et elle se dit : « Finalement, ils ont un jour été fous, eux aussi… »

Vieux cuir et essence mal brûlée : le bonheur

Sous les grandes tentes, là où les Cadillac DeVille, Buick Skylark et Cadillac Eldorado côtoient des bolides aussi étranges qu’une Delorean 1981 (pensez « Back to the Future… ») ou une Volks Beetle Dune Buggy 1973 (elle partira à 10 500$US…), ça sent la voiture antique, heureux mélange de vieux cuir et d’essence mal brûlée.

Bref, ça respire le bonheur.

Reste que les grandes stars de l’événement ne partagent pas les tentes communes. Ooooh, que non : les bagnoles qui s’échangeront en moins de deux minutes pour plus ou moins 100 000$US, c’est dans le bâtiment du fond, tout là-bas, qu’on les retrouve.

Ces stars, plus qu’ailleurs, sont bichonnées, élevées sur des présentoirs élaborés, cerclées d’éclairages et de miroirs destinés à faire admirer leur excellente condition, tant dehors, que dedans comme dessous. Juste le fait d’être présentes dans cet antre de la performance du passé, mais combien toujours concrète, leur coûte chacune 800$.

C’est ici qu’on vit ses plus grands coups de cœur. Et c’est ici que les belles et puissantes d’autrefois rivalisent d’exclusivité : « Rare Mustang Mach-1 1969 », dit celle-ci. « Yeah, it’s got a Hemi », dit celle-là. « J’ai 900 chevaux sous le capot » clame cette Ford Mustang GT 2005, édition Platt & Payne.

Jetez donc un œil à notre galerie de photos, histoire d’y découvrir les plus belles, les plus puissantes et les plus originales…

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