Carrefours giratoiroires: Quand tourner en rond...

Dossiers
jeudi, 1 janvier 2009
Les carrefours giratoires : la France en a plus de 30 000, le Québec n’en compte qu’une cinquantaine. Certes, leur nombre est appelé à augmenter dans la Belle Province… mais encore faudra-t-il que les Québécois apprennent à les aborder!

Les premiers carrefours giratoires, ces aménagements de voies entourant un îlot central et où la circulation se fait à sens unique (contraire aux aiguilles d’une montre), ont fait leur apparition au Québec avec le nouveau millénaire.

Le tout premier giratoire aménagé par Transports Québec a vu le jour en 2001 en Abitibi-Témiscamingue (une région qui en compte maintenant quatre). Le second a été construit l’année suivante dans les Laurentides – à Tremblant, là où l’achalandage automobile devenait aussi grandissant que la popularité du centre de villégiature.

Depuis, les giratoires ont « poussé » là où, il n’y a pas si longtemps, on aurait eu le réflexe d’installer des feux de circulation. Transports Québec en dénombre aujourd’hui une trentaine sur son réseau routier, alors qu’une dizaine d’autres devraient y être implantés au cours des deux prochaines années. Et c’est sans compter la vingtaine de giratoires aménagés dans les villes – à Québec, à l’Île-des-Sœurs et à Dorval, par exemple.

De fait, à peu près toutes les régions du Québec ont au moins un giratoire, ce qui fait de la Belle Province celle qui se montre la plus fervente du concept au pays. Elle recense plus du tiers des giratoires canadiens, contre le quart pour la Colombie-Britannique et un cinquième pour l’Ontario.

Moins vite, moins d’accidents

Les giratoires sont appelés à croître au Québec parce que, disent les études internationales, ils offrent plusieurs avantages versus une intersection avec arrêt ou feux de circulation. D’abord, ils forcent la réduction de la vitesse des véhicules, ce qui contribue à diminuer le nombre d’accidents.

Et si accidents il y a quand même, ce sont souvent des collisions avant-arrière qui font moins de victimes et de dommages matériels que les collisions à angle droit qui surviennent aux intersections.

L’américaine National Cooperative Highway Research Program rapporte en effet que là où des giratoires ont remplacé une intersection, les accidents avec blessés ont diminué de moitié. L’Insurance Institute for Highway Safety va plus loin en affirmant que ces carrefours ont réduit de 90% (!) les collisions avec blessés graves ou décès.

Encore des avantages

Aussi, les carrefours giratoires augmentent la fluidité de la circulation puisqu’une fois engagés, les véhicules ne devraient jamais s’y immobiliser. Et comparativement à une intersection conventionnelle, les points de conflit (là où les automobiles se croisent ou s’entrecoupent) sont quatre fois moindres : 8 contre 32.

Qui dit circulation plus fluide, dit également réduction du bruit et, parce que les véhicules ne font pas du sur-place inutile, réduction de la consommation d’essence et, donc, pollution atmosphérique amoindrie.

Enfin, avouons : un carrefour giratoire avec son îlot central aménagé de végétation est nettement plus agréable à regarder qu’une vulgaire intersection de bitume...

Une fois pour toute…

Que des avantages, les carrefours giratoires? Non, puisqu’un inconvénient se dessine, du moins en Amérique du Nord : parce qu’ils sont nouveau dans le paysage automobile – contrairement à l’Europe où ils en sont partie intégrante depuis un siècle – les conducteurs ne savent pas trop comment les aborder.

Alors, en voici l’explication, une fois pour toute.

Transports Québec a fourni un graphique explicatif (voir illustration d’un carrefour giratoire à deux voies et trois sorties) qui montre que :

  • Un véhicule qui souhaite emprunter la première sortie du carrefour giratoire doit, avant de s’y engager, actionner son clignotant droit. Puis, il s’insère sur l’anneau extérieur. Un quart de tour plus loin, il emprunte sa sortie, son clignotant droit toujours en opération.
  • Le véhicule qui veut poursuivre tout droit (sortie au demi-tour) s’insère dans le carrefour sans faire usage de son clignotant. Il peut emprunter tant la voie intérieure qu’extérieure de l’anneau. Une sortie avant la sienne, il signale sa manœuvre de son clignotant droit, pour ensuite prendre sa sortie.
  • Enfin, un véhicule qui veut emprunter la dernière sortie (donc, qui fera presque un tour complet) doit, avant de s’engager dans le giratoire, actionner son clignotant gauche. Puis, il s’engage sur l’anneau intérieur. Une sortie avant la sienne, il actionne son clignotant droit pour signaler sa manœuvre, il vient s’insérer dans l’anneau extérieur et, enfin, il emprunte sa sortie.

Question de priorité

Qu’on l’on souhaite emprunter la première, deuxième ou énième sortie d’un carrefour giratoire, il convient de respecter quelques autres règles de sécurité.

D’abord, un conducteur doit ralentir à l’approche du giratoire, question de s’assurer que la voie dans laquelle il veut s’engager est bel et bien libre.

Car c’est à lui de céder le passage, quitte à devoir s’immobiliser à l’entrée du giratoire (et jamais dans le carrefour) si la circulation est très dense.

Répétons bien la chose : la priorité est donnée à ceux qui roulent dans le carrefour, pas à ceux qui y entrent.

D’ailleurs, à cet effet, un panneau « Cédez » orné de flèches tournantes est installé en approche du giratoire afin de bien le rappeler. La priorité doit aussi être donnée aux piétons et aux cyclistes qui s’engagent dans les passages prévus à leur intention.

Autre règle d’or : savoir où l’on s’en va et planifier sa sortie. Dans un giratoire, aucun véhicule ne devrait s’immobiliser (sauf en cas de force majeure). Sortie manquée? On refait un tour – et encore un autre, si besoin est. D’où l’importance de bien consulter les panneaux de signalisation installés plusieurs centaines de mètres avant le carrefour.

Toujours, toujours, la circulation dans un giratoire se fait dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Et comme partout ailleurs, mieux vaut respecter les limites de vitesse qui y sont recommandées.

Infractions à toutes les deux minutes

Ce qui semble relativement simple n’est pourtant pas encore intégré dans les mœurs automobiles au Québec.

Deux ingénieurs québécois ont filmé une dizaine de giratoires pendant plusieurs heures, réparties sur une période de deux ans et même si l’échantillon est minime, des constats inquiétants s’en dégagent.

Ainsi, des comportements « délinquants » se produisent à toutes les deux minutes. Les trois quarts des conducteurs ne respectent pas la priorité et la moitié s’arrête sans raison.

C’est dire que le giratoire demande à être apprivoiser – mais le faire à Dorval en pleine heure de pointe n’est peut-être pas une bonne idée. Mieux vaut faire ses débuts dans l’un ou l’autre des carrefours giratoires établis en région… sinon ça risque de tourner longtemps!


Le plus important giratoire du monde

L'invention du « carrefour à giration » reviendrait à l'architecte français Eugène Hénard qui a conçu l'aménagement de la place Charles de Gaulle (anciennement place de l’Étoile) autour de l’Arc de Triomphe à Paris, en 1906. À ce jour, il s’agit du plus important carrefour giratoire du monde avec ses 12 sorties.

Copyright © 2015 Nadine Filion. Tous droits r�serv�s.