Faire durer sa voiture: le choix économique! (Comment faire)

Dossiers
vendredi, 1 février 2008
Une nouvelle voiture peut sembler si séduisante. Mais saviez-vous que les Canadiens doivent consacrer en moyenne 26 semaines de leur salaire net (après impôts!) pour en défrayer le coût? Mieux donc choisir... de la faire durer.

Vingt-six semaines de son salaire net, c’est beaucoup d’argent pour un objet qui se déprécie très vite. «En fait, dès qu’un véhicule sort de chez le concessionnaire, il perd 20 % de sa valeur», dit Dennis DesRosiers, président de la firme DesRosiers Automotive Consultants et grand manitou de la statistique automobile au Canada. L’analyste estime par ailleurs qu’après seulement trois à cinq ans la plupart des véhicules ont perdu la moitié de leur valeur.

Éric Brassard, auteur de Finance au volant, considère lui aussi la dépréciation comme le coût le plus important d’une voiture. Seule façon d’amoindrir le choc: répartir cette dépréciation en conservant sa voiture le plus longtemps possible. «Il est toujours plus économique de garder sa voiture que d’en acheter une neuve», dit-il.

Cela dit, un temps viendra où des réparations seront nécessaires. Sur une voiture qui prend de l’âge, elles sont inévitables. Pourtant, quand on les met en perspective, «ces coûts sont toujours inférieurs à la dépréciation que subit une voiture neuve», précise Éric Brassard.

Phil Edmunston, auteur du guide Lemon-Aid, poursuit: «L’entretien d’un véhicule amorti sur son nombre d’années d’utilisation coûte en moyenne 800 $ à 900 $ par an.» C’est à peine le coût de la TPS exigée à l’achat d’une petite voiture neuve.

Évidemment, si on a toujours changé notre voiture aux quatre ou cinq ans (la population québécoise change de voiture aux sept ans en moyenne) et qu’on n’a jamais fait faire que les changements d’huile, on aura peut-être un sursaut d’inquiétude et des doutes sur la fiabilité de notre véhicule lorsqu’on nous dira qu’il faut un nouvel alternateur, une nouvelle batterie, un nouveau radiateur...

«Sachez toutefois que les réparations se stabilisent lorsque la voiture atteint les huit ou neuf ans d’âge», nous rassure George Iny, président de l’Association pour la protection des automobilistes (APA). En effet, les grosses réparations qui devaient être faites l’ont alors été.

On songe dopnc à tenter l’expérience de garder notre voiture le plus longtemps possible? (Après tout, on n’a rien à perdre et tout à y gagner.) Voici, selon  nos experts, les cinq gestes les plus susceptibles de nous aider à y parvenir.


1) L’indispensable entretien

Les experts sont unanimes: la règle numéro un pour garder notre véhicule en bon état est de suivre à la lettre le calendrier d’entretien recommandé par le fabricant. Ce calendrier, on le trouve dans le manuel du propriétaire,qui recèle une mine d’informations pour prendre soin de notre voiture.

Principalement, le calendrier d’entretien se compose d’une liste de gestes à poser à intervalles réguliers ou après un certain nombre de kilomètres: vidanger l’huile, remplacer les filtres, vérifier les fluides, faire la rotation des pneus, etc.

Deux types d’entretien y sont généralement décrits: un régulier et un intensif. «Choisissez l’intensif, recommande Raynald Côté, de CAA-Québec. Il convient parfaitement à nos conditions routières, surtout hivernales.» On a égaré notre manuel? Notre concessionnaire pourra nous en commander un,moyennant certains frais.

Cela dit,habituellement, après chaque entretien, notre mécanicien apposera un autocollant indiquant la date (ou le kilométrage) du prochain entretien. Il faut simplement s’assurer que la fréquence qu’il nous recommande correspond à celle figurant dans le manuel d’entretien.

Quant au voyant lumineux qui nous rappelle que le temps est venu d’un nouvel entretien, on prend rendez-vous dès qu’il s’allume (en principe, si on suit le calendrier d’entretien, on devrait y aller avant qu’il clignote).


2) Un bon garagiste et un oeil aguerri

«Prenez en main votre relation d’affaires avec votre mécanicien, dit George Iny. Livret d’entretien à l’appui, exigez les vérifications requises et veillez à ce qu’il n’en omette pas une.» On s’assure également qu’il est familier avec notre marque de voiture.

Si faire faire l’entretien de sa voiture chez le concessionnaire est parfois plus coûteux, il reste que celui-ci est LA référence pour notre véhicule. Aussi, contrairement aux garagistes indépendants, il est plus au fait des rappels éventuels qui peuvent avoir été lancés pour les véhicules de la marque. (Pour savoir si notre véhicule a fait l’objet d’un rappel: www.tc.gc.ca, sous l’onglet Rappel de véhicules.)

Cela dit,il est toujours plus prudent de faire affaire avec un établissement recommandé, soit par le CAA, soit par des amis ou des collègues.

Même avec un garagiste de confiance, on a aussi un rôle à jouer. Entre les entretiens, on procède régulièrement à nos propres inspections. Les choses qu’on peut faire nous-même:

  • On porte attention aux bruits inhabituels ou suspects et on les signale à notre garagiste au prochain entretien, ou avant si ça nous inquiète.
  • Un regard attentif sous le capot ou sous le véhicule peut révéler des fils fendus, des tuyaux qui fuient, des courroies lâches ou des attaches desserrées. Si c’est le cas, on n’attend pas: une visite au garage s’impose.
  • On vérifie et on fait en sorte de maintenir les fluides de notre voiture à leurs niveaux appropriés, sous peine de voir les diverses composantes de notre véhicule s’endommager.
  • Si on peut confier la vérification des liquides de refroidissement, de transmission, de servo-direction ou de freins à notre garagiste, on devrait être en mesure de vérifier le niveau d’huile à moteur et d’en ajouter au besoin (voir notre encadré ci-dessous).

3) Les précautions hivernales

Notre pays, c’est l’hiver. Avec la pluie, la neige,la gadoue et le déglaçage subséquent au sel ou au sable qu’on se paie chaque année, un traitement antirouille s’avère nécessaire si on souhaite faire durer notre voiture. Qu’il soit unique ou annuel, celui-ci protège notre véhicule et retarde d’autant la corrosion. «On le voit: les voitures de 10 ou 12 ans sont en bien meilleure condition si elles ont été traitées à l’antirouille», confirme George Iny.

Autre ennemi d’une vieillesse en santé pour notre automobile: le démarrage par temps froid. «Un seul démarrage à froid équivaut à 500 km d’usure sur l’autoroute», déclare Raynald Côté. Comment éviter ce problème? «Avec un chauffe-moteur,répond le porte-parole de CAA-Québec. Loin d’être une coquetterie, le bon vieux block heater est une excellente façon de prolonger la vie de sa voiture.»

Et le démarreur à distance? «Boudez-le, conseille M. Côté. Il laisse le moteur tourner au ralenti, ce qui est très mauvais pour les organes du véhicule, qui ne se réchauffent pas convenablement, en plus d’entraîner une consommation en carburant et une pollution tout à fait inutiles.» En fait, il suffit de faire tourner le moteur 2 ou 3 minutes, selon les experts, pour déglacer les vitres et réchauffer un tant soit peu l’habitacle.

On range notre voiture l’hiver? Certes, elle est protégée des intempéries et engrange moins rapidement les kilomètres, mais des problèmes mécaniques liés à sa sous-utilisation ne tarderont pas à se manifester si elle n’est pas remisée dans un garage. «La rouille s’infiltrera rapidement, les premières composantes touchées seront les freins et le silencieux. Il suffira d’une semaine pour que les freins commencent à figer», explique Raynald Côté.

Comment éviter ces problèmes? «Chaque semaine, faites rouler votre voiture pendant une grosse demi-heure sans interruption», recommande-t-il. Une balade à vitesse d’autoroute (ou sur une voie secondaire, l’important, c’est qu’il n’y ait pas beaucoup d’arrêts) asséchera les disques et le système d’échappement.


4) Un brin de toilette

Ça tombe sous le sens, mais trop peu d’automobilistes font régulièrement laver leur voiture. Pourtant, «un bon passage au lave-auto est un moyen efficace de faire durer son véhicule», dit Bernard Marcil,directeur des Centres techniques de vérifications CAA-Québec Montréal/Dorval.

En éliminant les saletés qui se logent sous la voiture, surtout, on évite la corrosion, qui peut faire vieillir prématurément notre voiture. Le printemps est le moment par excellence pour procéder au grand ménage automobile et se débarrasser des vestiges de l’hiver. «N’oubliez pas de rincer à grande pression le dessous du châssis, où se logent calcium, sable et gravier, dit M. Marcil. Aussi, nettoyez bien le tour des ailes et les moulures, où s’infiltrent l’eau et la saleté.»

Selon les experts interrogés, l’eau seule sera suffisante pour déloger la saleté, à condition qu’elle soit projetée à grande pression. On en profite pour réhydrater le caoutchouc des portières (et du coffre arrière, ce grand oublié!) avec un lubrifiant à la silicone (dans les grandes surfaces), afin d’en éviter l’assèchement.

Enfin, l’application annuelle d’une couche de cire de qualité «aidera à protéger la peinture», soutient M. Marcil.


5) Acheter la fiabilité

Si on est sur le point d’acheter une automobile et qu’on souhaite faire durer notre nouvelle acquisition, il faut partir du bon pied. «Tournez-vous vers une voiture fiable, qui demande moins de réparations que les autres, conseille George Iny. Voici quelques lignes directrices pour faire un bon choix.

  • On contacte la centrale téléphonique de CAA-Québec ou de l’APA pour savoir si le modèle qu’on reluque est reconnu pour sa bonne durée de vie (service aux membres seulement).
  • Quand on ne sait pas vers quelle marque de voiture se tourner, les guides de l’auto peuvent fournir de bonnes pistes de départ.
  • Une amie partage les mêmes conditions routières que nous (conduite urbaine quotidienne, utilisation occasionnelle, etc.)? On lui demande si elle a des conseils à nous donner ou des modèles à nous suggérer.

Jesse Caron, responsable du Guide autos 2007 du magazine Protégez-vous, recommande, quant à lui, de ne pas se laisser emporter par les véhicules truffés d’électronique. «Les gadgets dernier cri sont très cool, mais ils n’ont pas encore subi l’épreuve du temps.»

Plus généralement, si on veut économiser en réparations, on ne s’équipe pas d’ajouts optionnels qui font grimper la facture inutilement.


Essence... de Jouvence?

Le manuel du propriétaire de notre véhicule exige de l’essence régulière? On ne prolongera pas sa vie en lui donnant du carburant super. «Vous jetterez l’argent par les fenêtres, sans pour autant transformer votre Focus en Porsche», soutient Raynald Côté. Ce dernier rappelle que les moteurs sont conçus pour un indice d’octane particulier: «Leur en donner trop, c’est comme de faire porter une pointure 12 à quelqu’un qui chausse des 10.»

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