Nouveaux phares DEL: bye, bye, Edison…

Dossiers
mercredi, 10 février 2010
On peut vanter l’efficacité énergétique des nouveaux éclairages automobiles DEL (diodes électroluminescentes), tout comme on peut en encenser la durabilité. Mais le plus grand intérêt des DEL réside sans doute dans toutes ces possibilités de design auxquelles elles ouvrent la porte.

À première vue, les DEL (LED en anglais, pour light-emitting diode) peuvent sembler inconnues. Pourtant, elles nous entourent au quotidien : voyants lumineux des appareils domestiques, rétro-éclairage des appareils mobiles, signalisation routière. Même les feux de freinage des voitures y ont recours depuis plus d’une décennie.

Le premier grand atout des DEL, c’est d’être plus écoénergétiques que les bonnes vieilles ampoules à incandescence. En effet, les DEL émettent de cinq à dix fois plus de lumière pour la même énergie consommée.

Elles sont par ailleurs plus durables que les nouvelles ampoules fluocompactes. Si ces dernières produisent en moyenne 10 000 heures d’illumination avant de rendre l’âme (ce qui est quand même dix fois plus que les ampoules traditionnelles), les DEL peuvent en produire jusqu’à 50 000, voire bientôt 100 000.

Plus écoénergétiques, plus durables… Pas surprenant que la ville de Los Angeles ait choisi de remplacer ses 140 000 ampoules d’éclairage urbain par des DEL. Elle prévoit ainsi substantiellement retrancher ses émissions annuelles de carbone, de même que réduire sa facture d’électricité et d’entretien.

Autre bon point pour les DEL : ces semi-conducteurs sont très solides et résistent mieux aux chocs que les fragiles ampoules à filament. Et contrairement aux fluocompactes, elles ne contiennent aucun mercure, elles.

Moins gourmandes

Historiquement parlant, il y a d’abord eu « l’invention » du feu. Beaucoup plus tard, l’éclairage est passé par les lampes à gaz et les fanaux. Puis, Edison a crée son ampoule électrique. Aux dires de certains, la prochaine grande révolution de la lumière sera celle des DEL, surpassant même les fluocompactes.

Le marché des DEL est si prometteur que l’industrie automobile, sans surprise, s’y intéresse. Après tout, dans des pays comme le Canada où les phares de jour sont obligatoires, les DEL ont un net avantage : en requérant moins d’énergie de l’alternateur, elles permettent de sauver quelques dixièmes de litre d’essence versus les traditionnels phares à l’halogène.

Il est aussi dit que les DEL s’illuminent à leur puissance maximale plus rapidement que les autres types d’éclairage automobile. Conséquence : en freinage d’urgence, les feux arrière DEL virent au rouge quelques millisecondes avant les feux classiques.

À ce sujet, certains diront que le temps de réponse est alors meilleur et, du coup, la sécurité routière rehaussée. Le grand manitou de la sécurité routière à l’École Polytechnique de Montréal, Michel Gou, fait cependant remarquer que « l’éclairage à incandescence s’illumine lui-même très rapidement et que les DEL ne peuvent donc avoir d’impact sur la sécurité. »

Audi précurseur

Audi  a été le premier constructeur à véritablement se lancer dans la course DEL pour autre chose que les feux arrière de ses voitures. Sa Audi A8 2007 a été la toute première voiture de production – et encore l’une des rares – à utiliser cette technologie d’illumination pour ses phares de jour.

Pour 2010, la sportive R8 s’amène avec tous ses phares et feux DEL, même ses clignotants. Aujourd’hui chez Audi, même les petites A3 et A4 ont droit à des lignes de DEL tout en design, qui font office de phares de jour à l’avant.

Certes, les DEL sont coûteuses : elles exigent 40$ là où une ampoule à incandescence domestique aurait demandé 25 cents, dit Guy Olivier. Ce professeur de Génie électrique à l’École Polytechnique de Montréal affirme par ailleurs que la technologie des DEL n’est pas encore assez mature pour une application tous azimuts, en raison des coûts mais aussi de la puissance.

Il ajoute cependant qu’avec les années, et à l’instar des micro-puces informatiques, les DEL ne cesseront d’évoluer et que d’ici dix ou 15 ans, elles pourraient bien remplacer non seulement les ampoules à incandescence, mais aussi les fluocompactes.

Design : plus grande liberté

Si le coût des DEL freine actuellement leur émancipation domestique, il en est autrement sur le marché automobile. En effet, sur une voiture de plusieurs dizaines de milliers de dollars, le coût des DEL est vite absorbé et ne laisse rayonner que les avantages : résistance, durabilité, économie énergétique.

Mais il y a plus intéressant encore : les DEL viennent activement participer à l’effet de style.
En effet, parce qu’elles sont toutes petites (à peine un millimètre carré), les DEL peuvent être réunies en des matrices qui créent des faisceaux lumineux novateurs, jusqu’ici impossibles à réaliser avec les éclairages traditionnels. Et ça, les designers automobiles l’ont bien compris…

Du coup, les DEL apportent aux calandres automobiles une signature visuelle, une luminosité et une personnalité différentes – ce que recherchent les constructeurs avides de se démarquer.
Il ne faudra donc pas se surprendre si les DEL joueront un rôle de plus en plus actif dans la conception des phares avant, des antibrouillards, des feux arrière, ainsi que des éclairages intérieurs.

Et une petite ligne de lumière par-ci, et un petit sourcil scintillant par-là…

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