Volvo YYC: pour et par elles!

Dossiers
lundi, 15 novembre 2004
Dans une industrie où les femmes sont une minorité, jamais un prototype de voiture n’avait été entièrement pensé et conçu par la gente féminine. Mais voilà, Volvo a mis au défi neuf de ses employées de développer un véhicule concept capable de répondre aux besoins de ces dames: le YCC ou, si vous préférez, le Your Concept Car.

Le groupe, notamment composé de Tatiana Butovitsch, des communications chez Volvo, de Maria Uggla, du département de design intérieur et d’Anna Rosén, de la division design extérieur, a mis 14 mois à cogiter, en Suède, la création du «Your Concept Car». «Pendant tout ce temps, on a discuté, discuté et encore discuté,» raconte Tatiana Butovitsch.

Il a d’abord été question d’études de marché, qui ont ciblé les femmes professionnelles plus que toutes autres. En effet, l’équipe du YCC a jugé que si le véhicule répondait aux attentes de ces clientes considérées comme les plus exigeantes du marché, les attentes des hommes ne pourraient qu’être surpassées!

Pas moins de 4000 femmes ont ainsi été interrogées et toutes se sont montrées unanimes: elles veulent plus d’espace de rangement. Et elles les veulent plus pratiques. Pas question de sacrifier le côté «design», cependant: «Les femmes demandent une voiture ‘cool’, dit Maria Uggla. C’est un peu comme la chaussure, que l’on veut confortable, mais quand même élégante.» Autres revendications : un accès facile et surtout, pas d’entretien mécanique.

Les idées, des innovations aussi bien technologiques qu’esthétiques, se sont alors mises à fuser. Trop nombreuses, il a fallu choisir – ce qui a entraîné davantage de discussions de la part du groupe. «Les gens de la compagnie commençaient à s’inquiéter, se souvient Anna Rosén. Ils disaient que nous ne serions jamais prêtes à temps, mais lorsque tout a été décidé, et parce que tout avait été décidé, il ne restait plus qu’à exécuter. C’est fou comme cette étape s’est déroulée rapidement!»

Le YCC a été lancé au salon automobile de Genève en mars dernier. Ceux qui s’attendaient à une voiture «Barbie» ont été d’autant plus surpris que le prototype Volvo se classe davantage dans la catégorie des coupés intermédiaires sport que les fourgonnettes.

S’il a été conçu par des femmes, le véhicule concept ne s’adresse néanmoins pas qu’à elles. En fait, les hommes avouent: «Nous ne réclamerions pas de telles options – et jamais nous n’admettrions les apprécier! –, mais secrètement, nous en profiterions tout autant que les femmes.»

Le YCC n’est pas destiné à la production de série, du moins pas dans sa forme actuelle. On peut cependant s’attendre à ce que bon nombre de ses équipements avant-gardistes montent à bord des prochains véhicules Volvo. Voilà qui ferait le bonheur de l’équipe conceptrice: «Nous nous sommes promis toutes les neuf de célébrer à chaque fois au champagne et aux fraises!» confie Tatiana.

Le Volvo YCC en détail: Ça prenait bien une femme…

Espace de rangement, espace de rangement et encore espace de rangement... Voilà qui se place en tête de liste des priorités émises par les femmes automobilistes.

C’est pourquoi le YCC mise sur un levier de transmission au volant et un frein électronique plutôt qu’à main, histoire de libérer l’espace entre les deux sièges avant.

Cet espace est occupé par un gigantesque coffre central qui s’ouvre en deux étages. Le premier, un simple plateau, accueille ces clés de résidence ou ce téléphone cellulaire qui ne trouve jamais à se loger, sauf peut-être dans le porte-gobelet – si celui-ci n’est pas déjà utilisé, bien sûr. Le second étage du compartiment, plus vaste, accueille les grandes sacoches, voire les ordinateurs portables.

Toujours dans la foulée «rangement», demandez-vous combien de fois vous ouvrez la portière afin de glisser vos effets personnels sur la banquette arrière. «Probablement plus souvent que vous n’accueillez de passagers sur cette même banquette,» soutient Tatiana Butovitsch.

Voilà pourquoi l’équipe qui a conçu sur le prototype Volvo a opté, à l’arrière, pour des sièges «cinéma», c’est-à-dire avec l’assise escamotable. L’espace ainsi libéré au plancher est plus aisément utilisable et si un passager veut s’installer à l’arrière, il n’a qu’à abaisser l’assise.

Les femmes ont demandé une bonne visibilité. Les extrémités du Volvo prennent donc bien soin de se montrer au regard. «Au lieu des radars de recul ou autres ‘gadgets’ qui sonnent et qui résonnent partout dans l’habitacle, indiquant que la voiture est sur le point de heurter un obstacle, nous avons préféré concevoir un véhicule à bord duquel le conducteur ou la conductrice n’a pas à ‘deviner’, explique Maria Uggla. De toute façon, on sait que l’on devine généralement assez mal dans de telles situations…»

Ainsi, le capot surbaissé laisse bien voir ses terminaisons et la lunette arrière s’étire jusqu’aux limites du véhicule.

Hommes et femmes ont été interrogés par l’équipe Volvo quant à leur aisance à stationner un véhicule. La moitié des femmes ont dit ne pas craindre les stationnements parallèles, alors que l’autre moitié a dit préférer les éviter. Chez les hommes, 98% des répondants ont déclaré n’éprouver aucune appréhension. Parce qu’il convenait de joindre le geste à la parole, les interrogés ont dû exécuter un stationnement parallèle.

Surprise : si 50% des femmes ont effectivement éprouvé des difficultés à réaliser la manoeuvre, autant d’hommes n’ont pas réussi l’exercice! Conséquence : le YCC dispose d’une assistance au stationnement qui mesure l’espace de stationnement.

L’automobiliste s’approche de son véhicule les mains pleines d’emplettes et il lui faut maintenant fouiller dans sa bourse ou ses poches afin de dénicher la manette de déverrouillage. Ce scénario vous rappelle quelque chose? Avec le YCC, c’est de l’histoire ancienne puisque les portières enregistrent l’approche de la télécommande et s’ouvrent d’elles-mêmes.

De même, le véhicule profite d’une suspension qui s’abaisse ou s’élève de 60 mm, ce qui facilite les entrées et sorties. Une fois derrière le volant, le conducteur/la conductrice n’a qu’à laisser le dispositif d’analyse morphologique Ergovision noter ses mesures corporelles pour que le siège, le volant, les pédales, l’appuie-tête et la ceinture de sécurité s’ajustent à sa taille.

Pourquoi ‘pratique’ devrait-il signifier ennuyant? L’habitacle du YCC est inspiré du design intérieur scandinave, qui veut que même les articles d’usage quotidien aient belle allure. «L’intérieur d’un véhicule n’a pas à être gris, noir ou beige, insipide et sans lumière,» dit Maria Uggla.

La designer discoure également sur ‘l’honnêteté’ des matériaux: «Pas de faux matériaux pour le YCC, dit-elle. Le bois est bois, le cuir est cuir, le plastique est plastique. Nous misons sur la beauté plutôt que d’essayer de copier.»

Besoin de changement ? Tapis et coussinets de siège, interchangeables, s’adaptent au goût du jour et sont disponibles en huit motifs. Bref, le «tuning» vient d’embarquer à bord d'une Volvo…

La majorité des automobilistes ne soulèvent le capot de leur véhicule que pour une seule et unique raison: faire le plein de lave-glace. Le prototype de Volvo offre donc le remplissage du lave-glace par un bouchon beaucoup plus accessible, situé tout à côté du volet pour le réservoir d’essence.

De même, dans l’habitacle, le tableau de bord est tout ce qu’il y a de plus épuré: pas de cadran affichant les révolutions, ni d’indicateur de la température du moteur. «Si ça chauffe, c’est une alarme qui le dira, simplement, dit Tatiana Butovitsch. À notre avis, tout ce qui compte, c’est de savoir à quelle vitesse l’on roule et combien de kilomètres il reste à parcourir avant la panne sèche.»

Il y a ceux et celles qui adorent astiquer leur voiture, et il y a ceux et celles pour qui cette tâche constitue une véritable corvée. Pour ces derniers, le YCC arbore un fini à la manière des poêles au revêtement anti-adhésif. La poussière et la saleté y collent moins que sur toute autre carrosserie automobile – celle du YCC se nettoie d’ailleurs plus aisément.

Ah oui, n’oublions pas: côté performance, le YCC est doté d’un moteur cinq cylindres de 215 chevaux, peu polluant, jumelé à une boîte automatique à six rapports dont les commandes sont installées au volant. «Mais, de dire Tatiana, qu’importe les chiffres ou le nombre de chevaux. Ce qui est important, pour les femmes, c’est que la performance soit au rendez-vous, un point c’est tout!»

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