Bugatti Veyron GrandSport Vitesse: Appelez-la Vitesse...

Essais routiers
mardi, 14 mai 2013
Guy Laliberté (Cirque du Soleil) a dépensé 35$ millions pour visiter l'espace. Il aurait tout aussi bien pu se payer une Bugatti Veyron 16.4 Grand Sport Vitesse; ça lui aurait coûté 14 fois moins cher... et il profiterait encore de l'incroyable force d'accélération des 1200 chevaux.

L'équipe britannique de Top Gear a un jour lancé une Bugatti Veyron contre l'un des avions supersoniques les plus violents du monde, le Typhoon. Jetez un oeil à ce vidéo... mais de grâce, revenez-nous pour la suite. Parce que nous avons été parmi les rares à l'avoir conduit, ce bolide de production le plus rapide du monde.

Notre version d'essai était la Bugatti Veyron décapotable (d'où le Grand Sport), dotée d'un moteur W16 (c'est deux moteurs V8, ça) de 8,0 litres qui, aidé de quatre (quatre!) turbos, développe 1200 chevaux et 1106 lb-pi.

Merci à des turbos plus larges et à des refroidisseurs améliorés (entre autres modifications), c'est grosso modo un extra de 199 chevaux et de 184 lb-pi versus la Bugatti Veyron dite "normale" - d'où le mot "Vitesse" en bout de désignation.

La plus rapide du monde, point barre.
S'il n'est qu'un élément qu'il faut retenir de cette aventure, c'est que la Bugatti Veyron est la voiture de production la plus rapide du monde (431 km/h pour le coupé SuperSport, 409 km/h pour la "ragtop" Vitesse).

La plus rapide, point barre.

Pour les détails croustillants concernant la machine en question (genre: combien d'unités ont été jusqu'à présent fabriquées; quelle est donc cette consommation la plus gourmande du marché; et ce qu'ont de si spécial les vaches qui fournissent le cuir de revêtement), lisez nos dix raisons pour lesquelles oui, conduire une Bugatti Veyron, ça change le monde.

Du côté de la F1?
Donc, conduire la voiture (et la décapotable) la plus rapide du monde, ça donne quoi, comme effet?

Certains collègues ont voulu comparer l'expérience avec une Formule Un, mais bon, votre illustre signataire n'a jamais pris place, encore moins piloté pareille monoplace.

Dire que la Bugatti Veyron offre autant de frissons qu'une envolée à bord de la navette spatiale, comme nous l'avançons en introduction, est certes un brin exagéré.

Mais on n'en est quadnmême pas loin. Après tout, les astronautes supporteraient des forces de 3g en décollage, alors qu'une Bugatti Veyron qui démarre en trombe ferait quand même subir 1,55g à ses deux occupants...

D'ailleurs, pour demeurer dans le monde de l'aéronautique, laissez-nous vous confier que la dernière fois où nous avons senti notre corps faire le 0-100km/h en à peu près 2,6 secondes, puis rejoindre plus ou moins 200km/h en 7,1 secondes comme il vient de le faire dans la Bugatti Veyron - avec notre estomac resté quelques kilomètres derrière, cependant - c'est lors d'une virée aérienne à bord d'un F/A-18 Hornet des Blues Angels (et c'était il y a une vingtaine d'années déjà).

La Ferrari Enzo? Pffft...
Voilà, c'est dit: la Bugatti Veyron a plus en commun avec les ailés supersoniques qu'avec les bolides à quatre roues.

Oui, oui, Ferrari Enzo y compris.

Il faut dire que le "petit" V12 de l'Enzo est deux fois moins puissant, avec ses 652 chevaux. Certes, l'Italienne pèse le tiers moins lourd (1365kg contre 1990kg), mais la Française dispose néanmoins de l'avantage du rapport poids-puissance (1,66 contre 2,09).

Par ailleurs, une mini-virée sur le siège passager de l'Enzo il y a de ça plusieurs années nous avait fait découvrir que la réduction de poids pouvait être aussi extrême que d'offrir un bolide d'un million de dollars... sans système audio, sans climatisation, sans insonorisation et sans même de tapis pour dissimuler l'aluminium industriel de son plancher.

Genleman-car
Tout au contraire, pas de compromis pour la Bugatti Veyron: le système audio, le climatiseur et même les tapis sont de série. Aussi, l'habitacle a fait tous les efforts nécessaires d'insonorisation et même dans la variante à toit amovible, il est d'une grande sérénité.

Mais c'est jusqu'à ce qu'on fasse vrombir le plus bruyant - et le plus séduisant - des "back seat drivers" qui soit; dire que ce W16 qui propulse la voiture la plus rapide du monde résonne bien, tout juste positionné qu'il est derrière nos oreilles, serait un méga-euphémisme...

Aussi, plutôt que d'être brut, fonctionnel et sans flafla, le tableau de bord de la Bugatti Veyron mise sur l'élégance, à l'instar des gentleman-cars de chez Maserati. L'intérieur n'a pas non plus l'étroitesse attendue de la part d'un supercar - remarquez, celui-ci fait presque 2 mètres de large - et les sièges sont d'un grand confort (quoique d'ajustement manuel...!).

Une bête facile à apprivoiser
Très facile à apprivoiser, que cette Bugatti Veyron. De fait, et contrairement à certains bolides sports dont les boîtes de transmission sont peu instinctives (les Allemands, vous nous écoutez?), on s'adapte en un tournemain à celle à double embrayage de la Française (de sept rapports avec, évidemment, les palettes au volant).

Suffit simplement d'oublier que la première vitesse nous propulse jusqu'à 104km/h, que la seconde nous fait rejoindre 148km/ et qu'aux environs de 200km/h, il serait bon de penser à passer de la troisième à la quatrième...

Autre surprise pour un bolide de deux tonnes métriques : le volant est d'une belle légèreté en paume et la stabilité de la voiture est si grande qu'il se laisse manier souplement de deux doigts, même à grande vitesse.

Quand il manque de bitume...
Bref, hautement domestiquée, cette Bugatti Veyron, "user friendrly", diraient les Anglos.

D'ailleurs, c'est peut-être pour cette raison que, malgré un nombre d'unités en circulation sur la planète à peu près similaire à la Ferrari Enzo (400), la Bugatti Veyron n'occupe le cyber-espace que de trois ou quatre crash - dont celui du Texan qui a intentionnellement immergé la sienne afin d'en réclamer l'assurance...

En contrepartie, on recense au moins deux douzaines de crash dans Internet pour la Ferrari Enzo - visionnez le plus célèbre en recherchant les mots-clés "Ferrari Enzo", "Targa", "NewFoundland" et "Atlantic Ocean"...

Bon, sur les routes champêtres de Caledon et d'Alton, au nord de Toronto, nous n'avons évidemment pu pousser la machine dans ses retranchements.

Pas tant pour une question de contravention (ça aurait coûté combien, vous croyez, se faire pincer à 330km/h au-delà de la limite?), mais bien parce que les droits de bitume suffisamment longs n'existent pas, ici, pour que la bête délie ses quatre pattes motrices.

Disciplinée là où la Ferrari Enzo est rebelle, la Bugatti Veyron rejoint quand même le Cheval Cabré quant aux ajustements de sa suspension: avec ceux-ci, on sent tout de la route. Pas d'accommodement raisonnable là, mais c'est attendu de la part d'une super sportive dont la garde au sol varie, selon les modes, d'un petit 125mm à un encore plus minus 65mm.

12 Espressos... mais pas de porte-gobelet
Bref, nous n'avons pu utiliser que le quart (...bon, le dixième?) des capacités de la Bugatti Veyron 16.4 Grand Sport Vitesse.

Certes, si nous avions lancé la voiture à fond mon léon pour en tester les limites, nous aurions pu :
1) expérimenter ce que c'est, qu'un moteur qui avale autant d'air à la minute (à la minute!) qu'un humain en quatre jours (45 000 litres);
2) saisir toute la mesure des dix radiateurs (!) qui équipent le bolide;
3) détruire les pneumatiques et vider le réservoir d'essence de son 100 litres... en moins d'un quart d'heure.

(Ça et sortir le bec de la pompe pour verser du carburant par terre, c'est presque du pareil au même!)

Mais bon, même en n'utilisant que le dixième (... ok, le centième?!) de la Bugatti Veyron, nous avons clos la balade avec autant de trémolos au coeur et au corps que si nous avions bu douze Espressos bien tassés.

Espressos que nous n'aurions toutefois pu siroter à bord, puisque le bolide de 2,5$ millions ne dispose d'aucun porte-gobelet...

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