Volks CC: Belle… (peut-être) bonne et… (assurément) trop chère!

Essais routiers
mercredi, 24 novembre 2010
Belle, belle, la CC. Et à ce sujet, notre couple d’essayeurs du mois est unanime. Mais Volkswagen souffre encore d’une réputation de non fiabilité auprès de ceux qui ont possédé (comme notre Ying) ou pas (comme notre Yang) des produits de la marque allemande. Les doutes sont tenaces.

Et devant une berline CC dont le prix lèche les 46 000$, eh bien… on préfère nettement un utilitaire de luxe, même s’il est moins équipé.

Le principe de cette chronique ‘Ying et Yang automobile’ est fort simple : nous prêtons un véhicule de presse à un couple qui, pendant deux semaines, en fait extensivement l’essai. Les deux participants ont une consigne à respecter : noter toutes leurs impressions, bonnes ou mauvaises, grandes ou petites, intelligentes ou nigaudes. De fait, comme on vous le dirait à la petite école : ça n’existe pas, une impression nigaude.

Ces «j’aime» et «je n’aime pas», chaque essayeur doit les garder pour lui-même, question de ne pas dénaturer l’expérience de l’autre. Pas facile, nous dit-on… Nous recueillons le tout en fin de test routier et nous vous livrons la chose de but en blanc, à chaud.

Pas de censure, que la «vraie patente», vue par des gens qui, comme vous, ne conduisent une nouvelle voiture qu’à tous les 4-5 ans – quand ce n’est pas au 7-8 ans.

Notre essai ci-dessous porte sur la Volkswagen CC, une berline quatre portes aux allures de coupé et dont l’échelle de prix varie de 33 375$ à 46 375$. C’est la version Highline avec moteur quatre cylindres turbo à injection directe (200 chevaux), auquel s’ajoute les groupes Technologie et R-Line, que nous avons prêtée à Katrine Rouleau et à Frédérick Chapleau, de Prévost dans les Laurentides.

Voici ce qu’ils en ont dit.

Ying :

Nom : Katrine Rouleau

Résidence : Prévost, dans les Laurentides

Âge : 38 ans

Métier : cosméticienne

Conduit au quotidien : Suzuki Grand Vitara 2003

Notre essayeuse du mois est une grande dame de 5,10 pieds qui ne trouve pas toujours son confort en voiture. C’est pourquoi la première impression qu’elle a noté de la Volkswagen CC va à cette bonne position de conduite qu’elle a rapidement su trouver: «Le siège et l’appuie-tête arrivent à la bonne place, j’ai de la place en masse pour mes grandes jambes et en plus, le volant est ergonomique, de ‘bonne poigne’.»

Katrine a aussi noté une bonne ergonomie au niveau du tableau de bord : «On voit bien les cadrans, ils sont grands et clairs. Et j’aime beaucoup que le réglage du chauffage soit indépendant pour le conducteur et le passager.»

Elle n’est pas ‘gadget’, mais…

Celle qui ne se dit absolument pas ‘gadget’ a malgré tout apprécié la caméra de recul qui l’assistait dans ses manœuvres en stationnement. Elle a aussi aimé qu’à la nuit tombée, les phares adaptatifs suivaient les mouvements de la direction. Le système audio qui se règle à même l’écran de navigation, d’un toucher tactile, l’a également enchantée.

Par contre, le toit, parce qu’il est panoramique et ne s’ouvre donc que d’un filet, l’a déçue. Tout comme l’a déçue le rangement entre les deux sièges avant : «Ce compartiment est mal conçu, il lui manque quelques millimètres en largeur pour qu’on puisse y glisser les disques dans le bon sens. C’est poche à mort!» Il faut dire que les disques préférés de Katrine sont si nombreux qu’ils tiennent à peine dans une boîte à chaussures…

Le coffre a néanmoins conquis le cœur de notre ‘magasineuse Ikea’, alors que des boîtes et encore des boîtes d’ameublement ont pu s’empiler dans l’espace de chargement… et jusque sur la banquette arrière.

De la ‘broue dans le toupet’

Ce n’est pas parce qu’on est une fille qu’on n’apprécie pas le plaisir de conduire et notre essayeuse du mois vient le prouver avec les commentaires suivants : «J’adore les accélérations de la CC, elles donnent de la ‘broue dans le toupet’. Il faut vraiment se surveiller si l’on ne veut pas se retrouver avec plusieurs contraventions. De fait, la voiture est si confortable et silencieuse qu’on a l’impression de rouler à 100km/h… alors que dans les faits, on roule plus près des 130km/h.»

Katrine, qui sera Maman au printemps prochain, s’est en tout temps sentie en sécurité à bord de la CC. Par contre, deux points l’ont dérangée, côté vision : «Le pilier à gauche de mon épaule est large et il aggrave mes angles morts. Aussi, la vitre arrière est décidément trop étroite, mais j’imagine que c’est le prix à payer pour que la voiture conserve sa belle ligne plongeante.»

Sur la ligne blanche…

Notre essayeuse la trouve très belle, la Volks CC. Belle, mais cependant coûteuse : la version essayée demandait, avec toutes ses options, quelque 46 000$. «Pour une telle somme, je choisirais cent fois plus un utilitaire, ne serait-ce que pour la position de conduite plus élevée. Dans une voiture, j’ai trop l’impression d’être assise sur la ligne blanche…»

De surcroît, celle qui a déjà possédé des produits Volkswagen (Golf et Jetta) met en doute la fiabilité de la marque : «À chaque fois que je refermais la portière de la CC et que je sentais la glace se remettre en place, je me rappelais de toutes ces fois où mes serrures et mes portières de Volks étaient gelées… Et je me dis que ça non plus, ça ne sera pas beau en plein hiver!»

Yang

Nom : Frédérick Chapleau

Résidence : Prévost, dans les Laurentides

Âge : 32 ans

Métier : consultant en informatique

Conduit au quotidien : Nissan Altima 2005

Les premiers commentaires de notre essayeur du mois vont pour l’esthétisme de la voiture qu’il a testée pendant toute une semaine : « La CC est belle, vraiment très belle. Son design est épuré et léché, on sent que le moindre petit détail a été pensé. Si je faisais l’acquisition de cette voiture, je ne craindrais pas qu’elle se démode.»

Pour Frédérick Chapleau, la Volkswagen CC, c’est du tout ou rien : «Ça prend la version sport R-Line comme nous l’avons eue, avec ses énormes jantes, ses jupes de caisse et ses phares au xénon. Sinon, la voiture ressemble beaucoup trop à la Passat standard.»

Contrairement à sa tendre moitié, Frédérick est un fanatique des gadgets. Il a bien aimé la caméra de recul… lorsque celle-ci fonctionnait. «Ce qui n’était pas toujours le cas et malheureusement, je n’ai jamais réussi à découvrir pourquoi.» Un porte-parole de Volkswagen Canada nous a indiqué que la caméra de recul est censée fonctionner d’elle-même à chaque manœuvre de recul et que la voiture essayée était alors peut-être victime… d’un léger problème électrique.

Entre doutes tenaces et l’amour du xénon

Voilà qui n’est pas pour rassurer celui qui dit avoir entendu, au fil des ans, moult commentaires négatifs sur l’électronique de la marque. « Dans ma tête, dit-il, le groupe d’option ‘Technologie’ qui équipait notre voiture d’essai égale ‘problèmes’. Conséquence : je ne paierais jamais 3200$ pour un système de navigation/audio et l’assistance au recul, aussi trippante soit la caméra discrètement dissimulée sous le logo du coffre.» Par contre, Frédérick débourserait sans hésiter pour les phares au xénon : «J’ai toujours aimé leur éclairage bleuté, ça fait prestigieux et ça éclaire nettement mieux. Et en plus, ici, ils suivent la direction du volant. C’est vraiment génial.»

Une ‘agace… fenêtre’!

Côté confort, notre essayeur reproche aux sièges avant de disposer de renflements latéraux si importants qu’il trouve difficile de s’y installer. «Soit je m’accrochais les cuisses, soit je me cognais la tête au cadrage de porte. C’est sans doute une question d’habitude, mais ça, on ne le sait jamais tant qu’on n’a pas acheté…»

Autres points négatifs : le cellulaire ne trouve à se brancher… que dans la boîte à gants («C’est ridicule!») et l’étroitesse de la lunette handicape la vision arrière («C’est une agace-fenêtre, ça!!!»).

Sinon, Frédérick considère que le coffre est profond et qu’il accepte son lot de marchandises… à condition que ces dernières ne soient ni trop hautes, ni trop larges. «L’ouverture du coffre n’est pas suffisante pour y faire passer l’amplificateur de graves que je souhaitais ramener à la maison.»

Boîte DSG louangée

Le meilleur, notre résidant de Prévost dit l’avoir gardé pour la fin : soit les performances de la CC. «C’est un deux litres turbo qui a là-dessous, alors… attache ta ceinture!»

Plus que les accélérations, qu’il dit entachées par un léger temps mort attribuable à la suralimentation, Frédérick encense la boîte six vitesses DSG (Direct Shift Gear) : «Il s’agit là de la transmission la plus trippante que j’ai essayée de ma vie, avec un passage des rapports très instantané : tac, pas de ralentissement moteur! J’aime aussi les deux modes, celui ‘mononcle’ pour la vie de tous les jours et l’autre, ‘éternel adolescent’, pour s’amuser avec le turbo… Pour moi, cette boîte constitue le meilleur des deux mondes entre la manuelle et l’automatique – et je suis pourtant un maniaque des manuelles!»

Mais quand même, tout n’est pas parfait : «La première vitesse est courte et en plus, le turbo met une fraction de seconde avant de réagir. La première journée, on ne s’en rend pas trop compte, mais à la longue, j’ai découvert qu’en appuyant sur l’accélérateur, je sentais une hésitation pendant laquelle il ne se passait rien.»

Ceci dit, Frédérick louange l’excellente insonorisation – «si grande, qu’on n’entend même pas à quelle révolution on tourne» –, ainsi que le confort de roulement, même à grande vitesse.

Oui, mais non

À grande vitesse… «Oui, oui, j’ai attaqué des courbes assez rapidement merci, la suspension ne bougeait pratiquement pas et je ne sentais aucun flottement dans la direction. Le freinage est très bon – en fait, je faisais moins confiance aux pneus qu’aux freins – et en somme, la voiture est bien calibrée. Même qu’elle est très sportive, sans pour autant que le confort ne soit négligé. »

Donc, c’est vendu? Oh, que non : comme Katrine, Frédérick pense que plus ou moins 46 000$ peuvent acheter beaucoup d’autres choses. « Une Audi4 ou une petite Mercedes, entre autres. Personnellement, je choisirais un utilitaire, genre le BMW X3 et ce, même si l’équipement à bord n’est pas aussi généreux que pour la CC. Après tout, Volks n’a pas autant de prestige que les autres marques allemandes et j’aime mieux être le fou du Roi… que le Roi des fous! »

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