Scandale VW TDI: Audi et Porsche auraient aussi triché

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lundi, 2 novembre 2015
Le Dieselgate s'amplifie chez Volks, qui a reçu aujourd'hui un 2e avis d'infraction de l'EPA, cette fois pour ses V6 TDI. Aux millions de véhicules déjà touchés par le scandale, s'ajoutent donc les Audi A6, A8, Q5 et Porsche Cayenne.

Un mois et demi après avoir signifié un premier avis d’infraction à Volkswagen, avis qui a chamboulé à tout jamais l’industrie automobile, voilà que l’agence américaine pour la protection de l’environnement (EPA) a émis aujourd’hui un second avis d’infraction, quasi-identique, toujours pour le groupe Volkswagen, mais aussi pour ses divisions Audi et Porsche.

Cette fois, ce n’est pas le quatre cylindres turbodiesel de 2,0 litres qui est visé, plutôt son (plus puissant) homonyme V6 TDI de 3,0 litres, qui propulse bon nombre de modèles luxueux (et générateur de profits) dans la famille germanique.

Pour le moment, l’EPA cible les véhicules suivants (2014-2016), précisant cependant que «d’autres infractions peuvent être découvertes à mesure que l’enquête se poursuit»:

  • Volkswagen Touareg 2014
  • Porsche Cayenne 2015
  • Audi A6 Quattro 2016
  • Audi A7 Quattro 2016
  • Audi A8 et A8L 2016
  • Audi Q5 2016

Notez que c’est la première fois, depuis que le scandale VW a éclaté, qu’un véhicule Porsche est concerné.

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Encore un «defeat device»

Le 25 septembre dernier, soit une semaine après son premier avis d’infraction à VW, l’agence gouvernementale avait avisé tous les constructeurs d’automobiles qu’elle testerait les émissions de leurs véhicules diesel – mais avec des procédures détectant d’éventuels logiciels de mise en échec (defeat devices).

Semble que le premier – et pour le moment le seul – constructeur à se faire admonester à la suite de ces récentes vérifications soit Volkswagen et ses filiales de luxe.

L’EPA affirme avoir la preuve de l’utilisation par Volkswagen d’un (autre) logiciel détectant la procédure officielle de tests d’émissions – en auquel cas un mode temperature conditioning était alors actionné, ce qui permettait aux émissions de NOX de demeurer sous la norme.

Mais à précisément 1,370 seconde après l’exécution dudit test, soutient l’agence, moment où le moteur devait en théorie être éteint, le logiciel retournait au mode «normal» et, alors, les polluants recrachés dans l’atmosphère enregistés étaient jusqu’à neuf fois plus élevés que permis. (Notez que le premier avis d’infraction faisait état d’une limite dépassée par 40 fois.)

«Encore une fois, Volkswagen manque à son obligation de conformité à la loi (NDLR: le Clean Air Act) qui protège la qualité de l’air pour tous les Américains,» dit la porte-parole de l’EPA, Cynthia Giles, qui se fait cinglante en rappelant que toutes les compagnies devraient jouer selon les mêmes règles.

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10 000 véhicules Audi et Porsche touchés… pour commencer

Le communiqué publié plus tôt aujourd’hui par l’EPA, qui dit travailler de concert avec ses vis-à-vis californien (CARB) et canadien (Environnement Canada), estime à 10 000 le nombre de véhicules Volkswagen, Audi et Porsche d’années-modèle 2014 et 2015 touchés en sol nord-américain. L’agence dit n’avoir pu déterminer combien d’unités 2016 étaient visées.

Le groupe Volkswagen a répliqué d’un court communiqué émanant de Wolfsburg, non de son siège social américain cette fois, confirmant que l’EPA l’a informé «ce lundi que les véhicules équipés du moteur V6 TDI comportaient une fonction logicielle n’ayant pas été décrite de manière adéquate dans le processus de demande» en vue de la nécessaire certification.

Mais contrairement aux aveux qu’il avait alors présentés, le constructeur nie cette fois catégoriquement: « Volkswagen tient à souligner qu’aucun logiciel n’a été installé dans les moteurs V6 diesel de 3,0 litres dans le but d’illégalement en altérer les caractéristiques d’émissions. »

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Un autre (vilain) chapitre s’ouvre aujourd’hui

Le Dieselgate ne semble plus finir. Depuis le fatidique 18 septembre, chaque jour apporte tantôt une nouvelle enquête, tantôt un nouvel impact financier, tantôt un nouveau recours collectif, tantôt une nouvelle mise à pied (mais, notez bien, rien encore quant à d’éventuels correctifs ou compensations pour les clients). De 482 000 véhicules américains touchés, on est vite passé à plus de 11 millions de voitures concernées.

Cela dit, avec ce 2e avis d’infraction, c’est définitivement un autre chapitre du scandale qui s’ouvre.

Si l’on se fie à ce qu’il s’est passé après la diffusion du premier avis, l’histoire ne s’arrêtera pas aux 10 000 véhicules ciblés en Amérique du Nord. D’ailleurs, plusieurs contrées d’Europe, de même que la Chine et l’Australie, entre autres nations, ont elles aussi lancé pareilles enquêtes – et pourraient rapidement en venir à des conclusions semblables.

De fait, si l’on extrapole les données d’Automotive News, la bible de l’industrie automobile, on en vient vite à calculer que trois millions de véhicules TDI supplémentaires pourraient être affectés à travers le monde. Et plus encore, si l’esclandre touche l’ancienne génération du moteur V6 TDI, offerte avant 2014…

Pour tout savoir sur le comment, le pourquoi et les (premières) conséquences du scandale Volkswagen, lisez nos reportages suivants

Diesel TDI: Volkswagen accusé d’évasion… d’émissions polluantes

Volkswagen Canada retire tous ses modèles TDI de son site d’achat

Que signifie le scandale Volkswagen TDI pour les clients et pour la planète

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