États-Unis: To buy or not to buy? Partie 1

Trucs et astuces
samedi, 22 septembre 2007
Il est de plus en plus avantageux d’acheter son auto aux États-Unis. Et pas seulement s’il s’agit d’une voiture de luxe. Mais... faut-il avoir le coeur solide?

La garantie sera-t-elle honorée? Comment ça se passe à la douane? Quelles taxes s’appliquent? Quelle paperasse remplir? Et qu’advient-il de la valeur de revente? Bref, faut-il avoir le cœur solide pour acheter son véhicule neuf en sol américain? Pas tant que ça, apparemment.

Acheter une voiture neuve aux États-Unis est un processus plus complexe que d’en acheter une au Canada, reconnaît George Iny, président de l’APA. « Mais les obstacles sont mineurs, dit-il. L’idéal est de faire appel à un courtier ou, mieux, à un concessionnaire expérimenté dans l’importation. Celui-ci livrera le véhicule entre les deux douanes, les papiers déjà réglés. »

Stéphane Lavallée, porte-parole au Registraire des véhicules importés (RVI), conseille même aux particuliers d’effectuer leurs démarches sans courtier. « Un courtier ne fera que ralentir les choses et vous coûter plus cher. »

Toutefois, il faut savoir que les achats automobiles aux États-Unis doivent, pour les Canadiens sans adresse américaine, s’effectuer en argent comptant. Certes, la Toyota Yaris ou la Hyundai Accent demandent de 2000$ à 2500$CN de moins au sud, mais cette économie pourrait être rognée par un prêt de 7% ou 8% d’intérêt, qui devra être accordé par une institution bancaire canadienne.

Aussi, attention au niveau d’équipement des voitures : « Il faut comparer des pommes avec des pommes, prévient Sophie Gagnon, de CAA-Québec. Sinon, vous risquez de vous retrouver avec une version américaine qui, contrairement à celle canadienne, n’inclut pas le climatiseur. »

Un prêt à taux plus élevé pourrait néanmoins s’avérer une bonne affaire dans le cas du Toyota Highlander Limited 4RM. Même si l’on ajoute les frais à la douane (222,20$, incluant l’inspection fédérale obligatoire chez Canadian Tire) et les taxes canadiennes à la consommation, la transaction laisse jusqu’à 15 000$CN d’économie dans les poches de l’acheteur canadien.

Comment savoir ce qu’il en est réellement? « Il faut analyser cas par cas, soutient Mme Gagnon. Il faut calculer selon les prix du moment, les rabais offerts du côté américains et ceux accordés du côté canadien. »

Garantie : honorera? N’honorera pas?

Ce ‘cas par cas’ se complique quant aux garanties. D’abord, celles proposées au nord diffèrent souvent de celles proposées au sud, en durée et ce sur quoi elles portent.

Aussi, si la plupart des constructeurs de luxe, ainsi que Ford, Kia, Mitsubishi, Toyota et Volks honorent la garantie des deux côtés de la frontière, ce n’est pas le cas pour Honda/Acura, Chrysler et Mazda.

De son côté, Subaru demande à ce que la réparation sous garantie soit effectuée aux frais du client canadien, qui pourra ensuite réclamer un remboursement. Suzuki et Hyundai font valoir la garantie canadienne sur le groupe motopropulseur (cinq ans/100 000km) et non l’américaine (sept ou dix ans /160 000km). Par ailleurs, Hyundai laisse tomber son assistance routière.

Enfin, GM et Nissan soumettent leurs véhicules à un délai de six mois / 12 000 km. Si le véhicule est importé avant l’expiration de ce délai, la garantie sera annulée. Cette mesure, peu intéressante pour les Canadiens en général, ne découragera toutefois pas les « Snowbirds » qui passent l’hiver en Floride.

Évidemment, la solution facile est de choisir un véhicule doté d’une garantie « honorable ». Question de bien s’en assurer, Brian Osler, président de la North American Automobile Trade Association (NAATA, un organisme ontarien à but non lucratif qui s’est donné pour mission de faciliter les transactions transfrontalières), recommande de communiquer directement avec le constructeur, numéro de série du véhicule en main.

L’acheteur tient mordicus à un véhicule pour lequel la garantie sera annulée? M. Osler suggère alors l’achat d’une police de remplacement. « Ces garanties coûtent en moyenne 1500$ – j’y penserais sérieusement, si j’envisageais une transaction qui me permette d’économiser 7000$. »

Bâtons dans les roues

Outre la garantie, la conformité au marché canadien peut également mettre des bâtons dans les roues d’une transaction en sol américain. Le véhicule destiné à l’importation au Canada doit en effet figurer à la liste du Registraire des véhicules importés (www.riv.ca), sinon il ne pourra franchir les frontières.

Rassurez-vous : la très grande majorité des nouveaux modèles sont admissibles. Certains exigent toutefois des modifications techniques (généralement au niveau des pare-chocs et des phares de jour), ce qui vient faire grimper la facture.

Aussi, à la douane canadienne, l’on exigera plusieurs documents, dont une attestation d’absence de rappel émise par le constructeur. « Le hic, dit Stéphane Lavallée, du RVI, c’est que les constructeurs demandent de plus en plus cher pour cette attestation – parfois jusqu’à 500$, voire 2000$ chez Ferrari. Quelques constructeurs refusent même de la remettre. Nous acceptons le rapport imprimé des concessionnaires américains mais, là encore, certains ont reçu l’ordre de ne pas le produire… »

Évidemment, la TPS et la TVQ s’appliquent, mais elles refléteront positivement le coût d’une transaction moins élevée. Par contre, tous les véhicules non construits en Amérique du Nord sont frappés d’une taxe de 6,1% (voir tableau). Aussi, les plus gourmands en carburant n’échappent pas à l’éco-prélèvement (entre 1000$ et 4000$) décrété en mars dernier par le fédéral. Enfin, pas question d’éluder la taxe sur la cylindrée et la taxe de luxe, qui seront réclamées (si applicables) lors de l’immatriculation au Québec.

Malgré tout, il peut s’avérer payant d’acheter au sud. Tous ceux interrogés par Les Affaires ont alors répété que le secret, pour une bonne marche des opérations, était de bien se renseigner.

Mal informés, les acheteurs canadiens commettent de coûteuses erreurs, comme d’inutilement défrayer la taxe de vente américaine. Brian Osler, du NAATA, dit avoir reçu plusieurs appels de clients mécontents : « Ils ont fait affaire avec des entreprises sans expérience, qui ne savaient pas qu’on pouvait éluder cette taxe d’état simplement en livrant le véhicule à la douane. »

Sophie Gagnon, de CAA-Québec, résume : « Même si les prix semblent alléchants de l’autre côté de la frontière, il faut tenir compte d’éventuels problèmes, de tracasseries administratives et de possibles délais à la douane. Si l’économie représente de 10 000$ à 15 000$, le consommateur pourra être motivé à faire les démarches. Mais attention de ne pas réduire à néant tant d’efforts pour n’avoir pas recueilli toutes les informations nécessaires. »

INFOS : www.riv.ca/french/html/comment_importer.html

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