Ben quoi, il fallait bien faire parler la faune médiatique de l’inconnue GAC (pour Ghangzhou Automotive Group). Et, du coup, détourner l’attention du fait que malgré les promesses de débarquement chinois en sol américain depuis presque une décennie, aucun modèle fabriqué par un constructeur du pays de Mao Tsé-Toung ne s’est encore offert de ce côté-ci du Pacifique.

Et pourtant, les constructeurs chinois se pointent régulièrement au salon de Détroit. Le tout premier à le faire, en 108 d’histoire de l’événement automobile, à été Geely (aujourd’hui propriétaire de la suédoise Volvo).

C’était en 2006 et votre soussignée se souvient encore, avec un sourire en coin, que ses représentants avaient passé leur temps à recoller au coffre arrière d’une berline les insondables lettres et chiffres MR7151A (!) qui la désignaient.

L’année suivante (2007), c’était au tour de Changfeng de s’amener dans la Mecque automobile, cette fois avec un prototype d’une camionnette noire, la Feibao CT5… qui avait laissé sa poignée de portière entre les mains d’un journaliste. De longues et embarrassantes minutes avaient été nécessaires aux délégués chinois pour la remettre en place (notre photo d’époque, ci-dessous).

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Pour GAC, l’un des six plus importants constructeurs automobiles en Chine avec un million de véhicules écoulés l’an dernier (fort d’une collaboration technique avec les Honda, Toyota, Mitsubishi et Fiat/Chrysler de ce monde), il s’agit d’une deuxième présence à Détroit; il y était venu en 2013.

Cette fois, pas de lettres qui décollent, pas de poignées de portière qui tombent. Pour faire parler de soi, GAC a plutôt misé sur son Wit Star Concept, un prototype de voiture hybride rechargeable à portières en goéland et à la conduite autonome – alouette.

Comme si ce n’était suffisant, on a installé au centre de la banquette, en guise de console, un méga-aquarium rempli d’eau et de faux poissons multicolores. Voilà peut-être “l’équipement automobile” qui a été le plus photographié de tout le Salon de Détroit 2015.

Le designer Zhang Fan a confié au Wall Street Journal que GAC n’a pas l’intention de munir tous ses véhicules de pareil élément (une chance…), qu’il s’agissait plutôt d’un symbole pour montrer que le constructeur peut répondre aux demandes de la clientèle.

Plus sérieusement, GAC a levé la couverture sur son tout nouvel utilitaire compact, le Trumpchi (c’est sa division) GS4. De même format qu’un Honda CR-V ou qu’un Hyundai Tucson, le GS4 sera offert au marché chinois dès avril prochain, pour l’équivalent de 16 000$.

C’est un bon 10 000$ de moins que la concurrence japonaise, américaine et même coréenne.

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Si l’allure du véhicule est générique, reste que le GAC Trumpchi GS4 pourrait se fondre dans notre paysage automobile sans que personne ne crie au dragon.

Par ailleurs, l’assemblage intérieur et la qualité des matériaux nous ont semblé fort corrects. Le seul point qui nous a semblé détonner, versus ce que notre marché est capable d’offrir, c’est cette forte odeur chimique de colle qui flottait dans l’habitacle.

Si le GAC Trumpchi GS4 compte débarquer en sol américain? Peut-être en 2017, disent les représentants du constructeur. Mais permettez-nous d’en douter. D’une part, les usines chinoises ne fournissent pas à la demande pour leur propre marché, alors avant d’exporter… Et d’autre part, il y a nos sévères normes de sécurité et d’émissions qui ont, jusqu’à présent, freiné toute expansion chinoise par chez-nous. Cela dit, on avait cru sensiblement la même chose des Japonais lorsqu’ils sont débarqués à la fin des années 1950, puis des Coréens dans les années 1980…

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