Infiniti M35h 2012 :Une hybride qui aime l’autoroute

Essais routiers
mercredi, 15 juin 2011
Des hybrides, il y en a de plus en plus sur le marché. De technologies de plus en plus diverses, aussi. Toyota fait comme ci, Honda fait comme ça, Chevrolet Volt vient déranger avec sa Volt…

 Kelowna, Colombie-Britannique – C’est drôle : il y a moins d’une décennie, Carlos Ghosn, le grand patron de Nissan/Infiniti, disait ne pas croire aux hybrides. Le marché a cependant dicté sa loi et hop! une première Altima hybride est venue joindre les rangs de la famille.

Trop occupé à développer quelque chose de 100% électrique (la Leaf, pour ne pas la nommer), Nissan avait cependant dû faire appel à la technologie hybride de Toyota. Mais voilà qu’à l’Infiniti M, de nouvelle génération depuis l’an dernier, le constructeur a voulu offrir son propre système. Après tout, ne s’agit-il pas de la première hybride pour la gamme de luxe?

Là où les dispositifs de Toyota et de Ford comptent sur deux moteurs électriques, un pour la propulsion et l’autre pour la recharge des batteries, le ‘Direct response’ de l’Infiniti M35h ressemble davantage aux technologies de Hyundai et Volkswagen, en ne misant que sur un seul moteur électrique (ici, de 50KW).

Si ce dernier fait à lui seul tout le boulot électrique pour lequel on l’embarque à bord, c’est grâce à la présence de deux embrayages qui l’encadrent, placé qu’il est entre la transmission et le moteur à combustion (soit le bon vieux V6 de 3,5 litres qui équipait la G35 avant qu’elle ne devienne la G37, auquel on a ajusté au cycle Atkinson). Physiquement, cette architecture toute sur une ligne permet la livraison d’une puissance plus directe aux roues arrière – mais ne cherchez toutefois pas l’AWD comme pour les consœurs M37 et M56, Infiniti n’en est pas encore là.

Jusqu’à 100km/h en électrique

Raconté comme ça, le ‘Direct response’ peut paraître complexe, mais en fait ça l’est moins que le système hybride de Toyota. En plus, ça permet de faire table rase non seulement sur le convertisseur de couple, mais aussi sur une quelconque et déconnectée transmission à variation continue (CVT). En effet, la M35h hybride conserve la boîte automatique à sept rapports, avec mode manuel bien sûr – malheureusement, on a oublié de faire monter les palettes au volant.

Surtout, ça permet au moteur électrique de suffire seul à la tâche, même à… 100km/h. Peu d’hybrides peuvent se targuer d’ainsi pouvoir rouler 100% électrique, sans l’apport de leur moteur à combustion, à si grande vitesse. Oh, la M35h ne le fait pas trop longtemps. D’abord, ses batteries au lithium-ion, d’une capacité de 1,4kW, ont beau être deux fois plus efficaces que les ‘traditionnelles’ au nickel-métal-hydrure, reste qu’elles ont leur limite. De surcroît, il faut y aller doucement avec l’accélérateur, sans quoi le V6 reprend vite du service. Mais quand même : il nous a été possible de rouler un petit moment à 80km/h sur seule propulsion électrique. Et plus vite que ça, lors des décélérations, le V6 est carrément découplé.

Quossé ça donne, dans les faits? Une consommation annoncée de 7,5L/100km en ville et de 6,1L/100km sur autoroute (nos courts essais nous ont permis, dans la région de Kelowna, des consommations variant entre 5,2L et 9,0L).

C’est un quart plus frugal que la M37 – et un tiers plus que la M56.

Une hybride qui fait mieux sur grand-route

Deux choses, à ce chapitre ‘consommation’ : d’habitude, les hybrides consomment moins en ville que sur la grand-route. Si ce n’est pas le cas ici, ce n’est pas parce que la grande et lourde voiture n’est pas ‘urbainement’ frugale (après tout, du 7,5L/100km en ville, c’est le propre d’une compacte à moteur quatre cylindres).

Non, si la M35h consomme encore moins sur l’autoroute, c’est que son apport électrique y est plus grand – et c’est sensas, puisque c’est sur l’autoroute que la voiture est à son meilleur. Parce qu’avec 360 chevaux combinés sous le capot (10% de plus que la M37, 15% de moins que la M56), qui sont livrés par une boîte automatique qui n’a rien de paresseuse, ça déménage. De fait, à notre avis, la M35h est non seulement plus palpitante à conduire que la M37, elle l’est presque autant que la M57 – moins la pénalité en carburant.

Infiniti ne veut pas calculer le couple des deux moteurs qui propulsent la M35h – et vrai qu’on ne peut pas simplement additionner les 258 lb-pi du V6 et les 199 lb-pi de l’organe électrique. Sinon… ça donnerait 457 lb-pi, soit 40 de plus que le gros V8 de la M56!

Ça déménage d’autant plus que dès les premiers tours de roue, la puissance est toute disponible pour ébranler les 1883 kilos de masse (répartis presque équitablement entre l’avant et l’arrière). Le système hybride fait grimper la balance de 120 kilos? Pffft, ça ne se ressent nullement en démarrage. Là où ça se ressent cependant, c’est en virages sinueux : la tenue de route a beau être solide (merci à un looong empattement de presque 3 mètres), on doit quand même composer avec un transfert de poids latéral important. Qui plus est, la large silhouette n’hésite pas à empiéter sur la ligne jaune (éteignez-moi tout de suite cet avertisseur de changement de voie…).

Sinon, la direction ne fait heureusement pas sentir qu’elle est électrique (contrairement aux M37 et M56, qui conservent la crémaillère). Et côté suspension, pas de tataouinage : c’est celle sport, avec ses amortisseurs à double piston livrée en option sur les M37 et M56, qu’Infiniti fait monter à bord de la M35h, pour une fermeté bienvenue qui ne compromet pas le confort.

L’hybride, c’est…

Le côté hybride, pour la M35h, a davantage un rôle d’ajout de performance que de réduction de la gloutonnerie en carburant. C’est pourquoi nous nous rions du mode « Eco ». Ce dernier veut nous rappeler lorsqu’on ne roule pas « vert » en faisant remonter l’accélérateur sous notre pied droit. C’est désagréable : il faut littéralement batailler avec cette pédale récalcitrante et au bout d’un moment, on en a marre. Du coup, on sélectionne le mode Sport – et on l’y laisse à tout jamais.

Le côté hybride, pour la M35h, c’est aussi des batteries placées derrière la banquette, ce qui fait que le coffre en prend pour son rhume de 25% (à 320 litres, c’est moins que certaines voitures compactes). Le constructeur affirme que quatre sacs de golf peuvent y tenir. Et pour être bien sûr qu’on ne l’accuse pas de mentir, il a placé un schéma explicatif dans le coffre. Ceci dit, ce ne sont pas tant les sacs de golf qui posent problème que les grosses valises, qui ne trouveront pas assez de longueur pour s’insérer.

Enfin, le côté hybride, pour la M35h, ça signifie une seule version, ‘full equip’ de toutes les technologies d’avant-garde d’Infiniti. Prix demandé : 67 300$, ce qui est grosso modo 6000$ de plus qu’une M37 sensiblement de même équipement.


 

FICHE TECHNIQUE :

Infiniti M35h 2012

Moteur : V6 de 3,5 litres, cycle Atkinson (302 chevaux, 258 lbs-pi)

Apport électrique : 50kW (67 chevaux, 199 lb-pi)

Puissance nette : 360 chevaux

Couple net : Infiniti ne révèle pas cette donnée – peut-être parce qu’elle se rapproche trop du couple offert par la M56 / V8?

Boîte : automatique à sept rapports

Consommation (essence super) : 7,5L en ville, 6,1L sur l’autoroute

Suspension : double triangulation à l’avant, multibras à l’arrière

Pneus : 18 pouces, cote V

Direction : électrique

Équipements de série : sièges avant chauffants et ventilés, volant chauffant, système de navigation, audio Bose, revêtement de cuir, éclairage au xénon adaptatif.

Technologie de série : avertisseur de changement de voie, alerte d’angles morts, régulateur de vitesse intelligent, contrôle actif en virage, avertisseur de collision.

Aérodynamisme : 0,26cx

Cargo : 320 litres

Construction : Tochigi, Japon.

Prix : 67 300$

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