La Tata Nano n'est plus: l'auto la moins chère n'aura vécu que 10 ans
Dix fois moins populaire que prévu…
La Tata Nano, lancée sur le marché indien à l’été 2009, n’est plus. C’est du moins ce que nous apprend la publication économique Bloomberg.
Après des débuts entachés par des moteurs qui prenaient en feu, et malgré l’ajout d’options au fil des ans comme… la direction assistée, question d’en faire une voiture mieux équipée (mais… toujours sans coussin gonflable), la Tata Nano n’a jamais connu le succès que lui souhaitait son constructeur.
De fait, la popularité de la petite «pas chère» a été dix fois moindre que prévu: des 250 000 exemplaires que Tata voulait annuellement écouler, il s’en est écoulé autant… en une décennie. Les meilleures années ont certes été les premières, qui coïncidaient d’ailleurs avec l’après-crise financière de 2008, mais même à cette époque, jamais plus de 75 000 Tata Nano n’ont trouvé preneur au cours d’une année fiscale.
Bref, c’est un flop.
Euh… la Tata Nano: vous vous rappelez?
Non? Alors, laissez-nous vous rafraîchir la mémoire avec ce que nous vous écrivions lorsque le constructeur Tata (aujourd’hui propriétaire de Jaguar/Land Rover) a lancé ce qui allait être – et rester pendant une décennie la voiture la moins chère au monde.
Et avec raison: à 2200$US, c’était – et c’est encore impossible à battre…
À l’époque, nous étions justement de passage en Inde et nous avions eu l’occasion (bon, nous l’avions cherchée, cette occasion!) de tester la petite rondouillette à la bouille sympathique.
Lorsque j’ai demandé à conduire l’une des toutes premières Tata Nano, j’étais d’ailleurs loin de me douter que je serais la première (et probablement la seule) journaliste automobile de toute l’Amérique à en faire l’essai…
Ce qui suit est donc le reportage que nous avons publié en décembre 2009, auquel nous ajoutons cependant des liens vers des articles de notre ère moderne.
Une seule Audi, mais des milliers de vaches!
Pune, Inde, le 26 novembre 2009. En Inde, le paysage automobile est des plus conservateurs. Beaucoup de petites Suzuki Swift et Hyundai Santro, de petites Tata Indica et Indigo, de Honda Civic et City.
Il y a bien quelques utilitaires Tata ou Mahindra ici et là, mais les grosses Mercedes et BMW sont rares. En un mois, je n’ai croisé qu’une seule Audi… mais j’ai cessé de calculer après la 100e vache!
C’est qu’au pays du Curry, c’est partout une cacophonie de véhicules, de motocyclettes, de rickshaws, de touk-touks et… de bovins qui fraient sur la voie publique, dans une heure de pointe presque continuelle et pendant laquelle les pare-chocs se frôlent dangereusement…
… mais, allez savoir pourquoi, ils ne se touchent jamais.
Et j’ai dû voir des milliers de motocyclettes chevauchées par des familles entières. Papa devant, Maman en amazone avec le p’tit dernier dans les bras, un autre enfant assis derrière en équilibre précaire…
C’est peu sûr, ce n’est assurément pas confortable et c’est carrément désastreux en période de mousson, lorsque des trombes d’eau s’abattent sur le pays.
C’est pour ces familles que Ratan N. Tata, le patron du géant indien, a fait concevoir la Nano. Celui qui trempe dans l’automobile, mais aussi les aciéries, les communications, voire la vaisselle (!)…
… s’est dit qu’il y avait sûrement moyen de fabriquer une voiture abordable et sécuritaire pour ceux qui n’ont pas les 250 000 ou 300 000 roupies (6500$US) exigées à l’achat d’une petite voiture conventionnelle.
Le défi a été lancé en 2003 à l’équipe d’ingénieurs de Tata qui, au départ, a cru qu’il serait impossible de le relever.
Mais le patron a insisté. Et la Tata Nano a été officiellement dévoilée au début 2008 dans sa forme actuelle.